II est difficile de partager 1'opinion de ceux qui veulent montrer dans le dogme mahométan un empêchement direct au développement intellectuel. Le contraire semblerait plus soutenable. Une religion qui a prononce cette formule : « 1'encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs », qui assure que chaque homme, au jugement dernier, sera examiné sévèrement sur 1'usage qu'il aura fait de 1'intelligence lui a été départie, qui a vu depuis sa naissance au VIIe siècle jusqu'a la fin du XVIe siècle, pour ne pas descendre plus bas, une telle prospérité matérielle, soutenue et entretenue par un tel état scientifique et littéraire dont nous ne connaissons en réalité pas tout, cette religion ne saurait passer avec justice pour contraire aux labeurs de 1'esprit... Ce qui est certain, c'est que 1'esprit de critique, de recherche et de discussion suscite, des les premiers jours, par Mahomet lui- même, ne s'est jamais perdu. Joseph Arthur, Comte de Gobineau (1816-1882); "Les religions et les philosophes dans I'Asie Centrale". Paris 1865. |